MORIARTY - MONUMENT VALLEY

Cette nuit, j'ai mis un peu de temps pour trouver le sommeil. En pensant au Nouveau Mexique, c'est encore des souvenirs de la petite enfance qui ont fait surface. Je suis au pays des hors la loi, Butch Cassidy, Pat Garrett et Billy The Kid, en territoire indien.

Ce matin notre première pensée est pour notre petit Darius qui fête aujourd’hui ses 8 ans. Dernier coup d’œil sur l’ordi et un petit coucou à Dédé qui vient juste de se connecter. Adam termine un contrat en cours pendant que Nicole et moi promenons Maya. Adam répond même dans un très bon français à Jeanne et René qui viennent d’envoyer un message à notre intention. C’est 9 h 30 quand nous reprenons la route 66.  Aujourd'hui, 378 miles à parcourir, nous quittons le Nouveau Mexique pour traverser l'Arizona.

 

Au loin les profils des montagnes sont de plus en plus évidents. La couleur des terres commence à passer dans des tons rouges. Des habitations, d’apparence modeste, sont dispersées dans des endroits désertiques. Agnès me dit que nous arrivons en territoire indiens. Rien à voir avec la Floride ; c’est aussi ça l’Amérique, le multiculturalisme. Toujours sur la 66, nous arrivons à Gallup, capitale du western depuis les années 20.  De nombreux films ont été tournés dans la région. Les stars d'hollywood avaient pour habitude de séjourner au "El Rancho". Cet hôtel est une des attractions du coin.

 

Nous déjeunons au « Mac Do ». Eh oui, on retrouve le célèbre Ronald même en territoire indien. La majorité de la clientèle est indienne. Gallup est considérée comme la capitale de la nation indienne. D’après les infos marquées sur certains panneaux routiers, ce sont des indiens Navajo, Hopi et Zumi. Bien que l’alcool soit interdit dans les réserves indiennes ont a l’occasion de voir un indien ivre assoupi à une table tout près de nous. Il sera expulsé par la police locale. Plus tard, sur le parking d'un centre commercial, Adam et moi sommes abordés par un vieux couple d'indiens pas mal éméchés, qui mendie.

 

Nous repartons en direction du Nord de l’état. Nous arrivons en Arizona. Le temps est menaçant. Alors que l’on pensait rester sur l’Interstate, le GPS nous dirige vers la N12 ( !??). Nous écoutons la Gourde qui Parle Seule et nous ne sommes pas déçus. Nous roulons sur une superbe route touristique qui nous amène sur un grand plateau. Et là, alors que l’on commence à voir apparaître d’immenses rochers qui nous font penser à Monument-Valley, une tempête de sable se déclenche. L’ambiance change totalement. On roule à travers des nuages rouges et le sable défile sur la route. Dans la voiture, l’atmosphère est plutôt tendue, alors qu’à l’extérieur, quelques indiens chevauchent leurs montures et ont l’air décontractés. Heureusement, à l’approche de Kayenta, la tempête se calme. Nous sommes en plein coeur du territoire Navajo.

 

Nous remontons vers le nord pour rentrer en Utah. En arrivant à Monument Valley quelques gouttes se mettent à tomber. Mais nous sommes chanceux car au moment de nous installer, la pluie cesse. Nous avons eu, je pense, une approche idéale pour aborder Monument Valley. Le temps s’étant dégagé, les fameux monolithes apparaissent au loin. Vivement demain.

  

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Etats parcourus : Nouveau-Mexique, Arizona et Utah

    

Ma bande son ; Creedence Clearwater Revival (Best Of)

Les USA c’est aussi ça :

Au moment ou je mets à jour mon carnet de voyage, en France on nous rabat les oreilles avec le problème d'identité nationale et le mot intégration est employé à toutes les sauces. Étant sur l'étape au nouveau mexique, un état où les cultures indiennes, espagnoles et anglo-saxonne se mêlent, c'est l'occasion d'entamer une réflexion sur le multiculturalisme.

Source : (surlescheminsdupatrimoine.blogspot.com)

D'abord, un constat : les sociétés contemporaines sont pour la plupart hétérogènes et bien peu d'Etats sont culturellement homogènes. Les différences peuvent être linguistiques, ethniques, religieuses, idéologiques, générationnelles. Dans les démocraties, on assiste à une poussée des revendications identitaires. Les sociétés pluriculturelles doivent donc trouver les moyens de faire coexister ces groupes distincts.

Les Etats-Unis, pays réputé pour être le berceau de ce phénomène pluriculturel ont opté pour un système d’intégration multiculturaliste. C'est-à-dire que l’Etat prend en compte les différences entre groupes ethniques, et alloue des droits à chaque communauté. Ces mesures visent à réduire les inégalités entre minorités et donc à faciliter leur intégration. Par exemple, il existe aux Etats-Unis des quotas ethniques pour l’entrée à l’université. Dans la société multiculturaliste, les individus s’intègrent à la société en conservant leurs modes de vie et leurs coutumes.

En France, le multiculturalisme est souvent perçu comme un menace pour la cohésion du pays. On peut craindre une « compétition inter ethnique, inter-religieuse ou intersexuelle », une sorte de course aux avantages entre communautés. En sortant de la sphère privée, les appartenances de chacun pourraient créer une véritable « guerre civile ».
La France possède un modèle d’intégration assez différent, en accord avec ses principes républicains et laïcs. L’Etat ne reconnaît pas de différences entre les individus de la société. Au contraire, les individus ont un devoir d’intégration et d’allégeance envers la République (apprentissage du Français). L’égalité républicaine organise la promotion des individus sur une base méritocratique (concours). Enfin, la séparation de l’Eglise et de l’Etat (1905) fait de sphère publique et sphère privée deux entités bien distinctes. Ainsi les signes d’appartenance religieuse sont bannis des lieux publics.

Comment dire si tel système est meilleur que l’autre ? Chaque modèle connaît des limites.

« E pluribus unum » (« de plusieurs, un seul »). La devise américaine promettait, mieux qu'une mosaïque ou qu'une juxtaposition de peuples, une construction sur le sol américain d'une véritable nation multiculturelle. Mais qu'en est-il aujourd'hui ?

A Kayenta, 34 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. Par ailleurs, les émeutes de Watts à Los Angeles en 1992 montrent le malaise de la société américaine.
A Gallup, un tiers de ses 20 000 habitants ont du sang Navajo, Zuni ou Hopi dans leurs veines. Mais cette population de « native americans » est touchée par la pauvreté et l’alcoolisme. La région n’a jamais vraiment décollé économiquement, et la fermeture de mines dans les années 70 et 80 n’a pas arrangé la situation. Gallup compte même ses bidonvilles.

Néanmoins, il ne faut pas fermer les yeux sur une réalité bien française cette fois-ci, à savoir le taux de chômage des jeunes dans certains quartiers qui frôle les 40 %. Les émeutes de 2005 annoncent-t-elle la faillite du modèle d’intégration à la française ?

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